Le Balcon d’art vous propose un événement 5 à 8 mettant en vedette Serge Brunoni jeudi le 16 mai à compter de 17:00.
Quand Serge Brunoni est arrivé au Québec, une carrière en art était la dernière de ses préoccupations. Comme la plupart des immigrants de son époque, une nouvelle terre signifiait de nouveaux défis, de l’inconnu et un tout nouveau départ.
Évidemment, comme bien des immigrants, Brunoni n’en n’était pas à son premier défi.
Né en France juste avant la Seconde Guerre Mondiale, sa petite enfance est évidemment marquée par les incertitudes et les privations inhérentes à l’occupation de son pays. Cela n’empêche pas le petit Serge de se découvrir une passion et un talent pour le dessin qu’il pratique furieusement durant toute son enfance.
Comme tous les jeunes hommes français de son époque, Brunoni doit bientôt faire son service militaire qu’il accomplit avec plaisir et qu’il voit déjà comme une aventure.
Suite à son service, il se joint à la Société de travaux et d’études topographiques (S.A.T.E.T.), qui travaille à la construction d’un chemin de fer en Afrique. Il passera trois années à vivre dans la jungle, heureux de satisfaire ses envies d’aventure. À ce jour, il ne tarit d’anecdotes à ce sujet!
Il arrive au Québec en 1963 et, suite à des discussions avec des gens du pays, choisit Trois-Rivières comme port d’attache. Au cours des années qui suivent, Brunoni s’affaire à différents emplois allant de cuisinier à vendeur d’encyclopédies.
C’est en 1969 que son épouse lui offre une boîte de couleurs et des pinceaux et qu’il découvre ce qui deviendra sa passion; sa raison de vivre. Il devient peintre professionnel à compter de 1972.
Brunoni tire ses influences de plusieurs sources. Érudit de l’art et de la philosophie, il met à profit ses connaissances et sa soif de nouvelles idées pour arriver à des sommets créatifs toujours renouvelés depuis maintenant cinquante ans!
Pour le spectateur un peu distrait, il peut apparaître lié à des traditions picturales une peu vieillottes voire éculées. C’est mal comprendre l’œuvre d’un peintre pour qui la poésie de son pays d’adoption ne cesse de renaître en des explorations plastiques qui tiennent autant des impressionnistes américains que de l’expressionnisme de Kandinsky ou d’Alwar Cawén.
Sa vision des grands espaces québécois peut rappeler René Richard mais l’économie de moyens dont il sait faire preuve le rapproche tout autant d’une Elaine de Kooning ou même de certains peintres minimalistes, prenant exemple du « less is more » de Ludwig Mies van der Rohe. En fait, chez Brunoni, immédiateté du geste trahit la poésie tout en conservant l’essentiel d’une approche plastique bien réfléchie. La liberté apparente dans la peinture de Brunoni est fermement ancrée dans une compréhension toute cérébrale de l’art transformé en une approche apparemment ludique et presque automatique.
Son interprétation de la ville trahit le lien d’amour/haine qu’il entretien avec les grandes métropoles. Le fourmillement affairé des acteurs des moments qu’il met en scène, les compositions complexes et parfois presque anarchiques qui peuplent les immenses tableaux qu’il affectionne particulièrement et l’apparente désinvolture qui transpire de l’œuvre urbaine de Brunoni amènent le spectateur au sein même d’une presque claustrophobie picturale qui montre bien le besoin de grands espaces de cet artiste avide de plein air et de paix.
Pour ceux qui ont le plaisir et l’honneur de connaître Serge Brunoni, il est une inspiration et une source de questions chaque fois renouvelée. Généreux de nature, il n’hésite jamais à partager ses plus récentes découvertes, ses lectures et ses réflexions sur littéralement TOUS les sujets!
Malheureusement, une santé déclinante et le fait qu’il ait maintenant atteint les quatre-vingts ans font que ce prolifique artiste a du ralentir sa production artistique autrefois d’une impressionnante célérité. En 2019, il continue toutefois d’étonner par la jeunesse de ses pinceaux et la vivacité de son esprit.
L’histoire nous le dira sûrement mais, une vue rétrospective de l’œuvre de Brunoni laisse facilement penser qu’il fera partie des rares artistes ayant marqué le Québec et que son travail restera dans les annales de l’art longtemps après son départ.
Steve Pearson
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Au Québec et comme partout ailleurs, le marché de l’art a changé depuis la dernière décennie. Ce qui pouvait sembler être un investissement au tournant des années 2000 peut maintenant être vu par certains collectionneurs comme une dépense avec peu de potentiel de croissance.
Pour la moyenne des amateurs d’art, le critère principal qui motive l’achat d’une œuvre reste – et doit rester – le facteur « coup de cœur » car vivre avec une œuvre d’art est une expérience émotionnelle avant tout. Le potentiel de croissance monétaire ne devrait entrer en compte qu’une fois qu’on soit certain d’aimer l’œuvre.
Ceci étant dit, il demeure des valeurs relativement sûres dans le monde de l’art.
On parle évidemment des artistes « historiques » tels Marc-Aurèle Fortin, Ozias Leduc, Jean-Paul Riopelle au Québec ou les Maîtres internationaux tels Picasso, Matisse ou Modigliani qui ont maintes fois prouvé leur valeur sur les marchés tant nationaux qu’internationaux.
Dans une optique plus abordable, il demeure sur le marché local des artistes dont la cote reste enviable et qui sont tout de même à la portée de la plupart des collectionneurs.
L’un d’eux fait partie d’un groupe sélect qui peut se targuer d’avoir su développé un marché tant au Québec qu’en Europe et qui a même su faire une incursion sur les marchés asiatiques!
Né le 4 octobre 1953 à Bruxelles en Belgique, Roland Palmaerts est issu d’une famille de peintres avec qui il a fait son apprentissage initial. Précoce, il remporte à 10 ans le Concours National Tintin. Il parfait ensuite sa formation à l’Institut Saint-Luc et à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles.
Il entreprend son service militaire en 1972 en tant que para-commando.
En 1980, son esprit d’aventure le pousse à émigrer au Canada où il œuvre comme concepteur et illustrateur avant de se consacrer exclusivement à la peinture à compter de 1984. Il consacre les deux décennies suivantes à la création mais aussi à l’enseignement de l’aquarelle tant au Québec qu’en Europe. Très actifs dans le milieu de l’art, Roland Palmaerts est membre de la Société Canadienne d’Aquarelle (S.C.A.), de l’Institut Européen de l’Aquarelle (I.E.A.) et a été durant cinq ans président de l’Institut des arts figuratifs (I.A.F.).
Il retourne vivre en Belgique de façon permanente vers le milieu des années 2000 mais garde ses racines au Québec qu’il visite plusieurs fois par année.
En 2013, il se donne un défi au moment de célébrer son soixantième anniversaire de naissance. En effet, il établit dans la ville papetière d’Arches en France en octobre 2013 un Record du Monde Guinness lors duquel il réalise en soixante heures de peinture NON STOP – soit trois jours et deux nuits seulement, soixante mètres de tableaux peints à l’aquarelle!
Palmaerts est aujourd’hui connu tant comme artiste que pédagogue et ses différents ateliers tant en Europe qu’au Québec sont courus tant par des professionnels de la peinture que par d’enthousiastes amateurs. À ce sujet, à l’automne 2018, il se confie à la presse Belge où il révèle être le professeur de peinture du Roi des Belges, Philippe, et ce depuis quelques années!
Du point de vue de la valeur marchande des œuvres de l’artiste, un survol des résultats d’enchères des dernières années démontre une excellente stabilité dans les ventes du marché secondaire de celui-ci.
Pour ce qui est du marché de détail, la demande pour le travail de cet artiste international est demeurée stable depuis plusieurs années et ses œuvres sont présentes dans plusieurs galeries d’art au Québec, en Europe et même, comme nous l’écrivions plus haut, en Asie!
Bon an, mal an, Roland Palmaerts demeure l’un des artistes les mieux vendus dans un marché difficile et en pleine mutation.
Bien que nul ne soit prophète dans le monde de l’art, il nous apparaît probable que cette tendance demeurera pour les années à venir. Il est donc probable que, pour le moins, un tableau de Palmaerts gardera sa valeur et peut-être même saura profiter du temps qui passe!
S.M.Pearson, Le Balcon d’Art
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Née à Beauharnois en 1953, les étés passés au bord d’un lac ont certainement éveillé chez Marie-Claude Courteau une fascination et un amour profond pour la nature.
Malgré des études en sciences et une carrière de technicienne chimiste, elle trouve du temps à consacrer à ses autres passions : peinture, photographie, horticulture, randonnées en nature. Elle commence à peindre sérieusement vers 1978 et participe à plusieurs expositions solos et de groupe dans sa région.
Elle participe en 2000 au Grand Concours du Cercle des Artistes Peintres et Sculpteurs du Québec, où elle remporte un prix dans la catégorie « Réalité figurative ». Suivent deux expositions solos et plusieurs expositions collectives. Puis en 2006 et 2007, elle remporte plusieurs prix lors d’Expo-Concours, à Mascouche, Valleyfield, et La Prairie.
On trouve maintenant ses tableaux dans deux Galeries au Québec, La Galerie Pierre Séguin et le Balcon d’Art, ainsi que dans plusieurs collections privées au Canada et aux Etats-Unis.
Ses projets? Peindre toujours, explorer l’huile et ses infinies possibilités « sur le motif » ainsi qu’en atelier. Ses sujets : montagnes, forêts, lacs, rivières, autant que la douceur des champs au lever du jour ou la fougue d’un coucher de soleil, tous prétextes aux caresses de celle qui renouvelle constamment la nature : la LUMIÈRE…
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L’art, depuis des temps immémoriaux, a toujours été utilisé par l’homme de façon à transcender sa nature physique et à exprimer une vision de l’intemporel, de la métaphysique et, bien entendu du sacré. Il suffit de s’intéresser à l’Histoire de l’art pour constater qu’à travers les âges les artistes – du plus primaire au plus sublime – ont utilisé l’art pour parler de leurs croyances, de leur dieu et des images s’y rapportant.
Au-delà de cette volonté de « montrer Dieu » se trouve l’icône. Une icône, (du grec εικόνα eikona) « image », est une représentation de personnages saints dans la tradition chrétienne. Bien plus qu’une simple représentation graphique, une icône possède un sens théologique profond qui la différencie de l’image pieuse. En effet, dans la tradition des Églises chrétiennes orientales, l’icône est objet de vénération qui possède son énergie propre. Celle-ci ravive la foi, protège la maisonnée; elle favorise la paix du foyer, éloigne l’ennemi de la cité.
L’icône est complètement intégrée dans la catéchèse orthodoxe mais aussi dans celle des Églises catholiques orientales qui ont préservé la tradition de l’icône ainsi que dans une partie de l’Église catholique occidentale et dans les Églises non-chalcédoniennes. En devenant objets de vénération pour les fidèles, les icônes ont été soumises, dès le treizième siècle, par les Églises de la Pentarchie, à de sévères contraintes artistiques (sources d’inspiration stéréotypées, rigueur du trait, jeux des couleurs). Jusqu’à nos jours, ces canons se sont perpétués, assurant l’étonnante continuité de cette peinture dédiée à la gloire de Dieu.
Dès la fin de l’Empire Romain et la montée de l’Empire byzantin, la scission culturelle entre l’iconographie traditionnelle romaine et l’approche plus stylisée des artistes orientaux devient frappante quant à la représentation des thèmes religieux. Beaucoup plus abstraite et bidimensionnelle, la vision orientale utilise très peu de modelé suggérant plus l’essence que le corps; des silhouettes légèrement étirées, des yeux, « fenêtres de l’âme » agrandis, des nez et des bouches étroits. Le corps dominé et immobile exprime l’universel, la paix, l’éternité. L’espace, hors la dimension terrestre, est représenté par un aplat de couleur or, énergie et lumière divines, ou par un bleu parsemé d’étoiles.
Cette nouvelle approche plastique arrive en parallèle avec la séparation des Églises de Rome et de Byzance. La querelle idéologique et dogmatique viendra créer l’Église orthodoxe et les représentations graphiques inhérentes à chacune des factions chrétiennes seront radicalement redéfinies au sein même de l’œuvre picturale propre à chaque facette d’une foi somme toute identique. Icônes peintes, en mosaïque, pierre, émail et métal, l’art de l’icône se propagea dans toute la sphère d’influence byzantine, mais bien au-delà, comme en témoigne la production éthiopienne. La Russie devint l’un des centres de production majeurs, avec les écoles de Novgorod, Moscou et celle, célèbre, d’Andreï Roublev, présentant une sensibilité religieuse, une construction de l’espace pictural et des champs symboliques nouveaux.
LES THÈMES
Les thèmes des icônes sont très nombreux.
Les icônes se classent, en général, ainsi :
Pour un même saint, les représentations sont aussi classées par thèmes. Ainsi, la Vierge est généralement représentée avec le Christ enfant dans les bras. Cependant, on parle de « Vierge de Tendresse » si la joue de la mère et du Christ sont accolées, de « Vierge qui montre le Chemin » (Odigitria) si la mère désigne le Christ, de « Vierge de Kazan » si le Christ semble debout à côté de sa mère, de la « Vierge du signe » si la mère est en orante (icône) (les mains élevées en signe de prière), le Christ apparaissant en médaillon « en elle » (cette dernière représentation renvoie au texte du prophète Isaïe : « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils qu’elle nommera Emmanuel… » Es. 7.14). Chacune de ces représentations suit des règles précises, la liberté de l’iconographe étant balisée pour éviter de s’écarter de l’enseignement de l’Église.
L’UTILISATION DE L’ÎCONE DANS LE CONTEXTE MODERNE
Dans la confession orthodoxe, il est aussi important de vénérer l’icône que d’écouter la parole ou de lire les écrits. Actuellement, les chrétiens de confession catholique réutilisent de plus en plus l’icône dans la liturgie, sans lui donner la même richesse que dans l’usage qu’en font les chrétiens orthodoxes. Aujourd’hui, ce mot voit son sens élargi pour se rapporter aux personnages sacrés de toute religion.
ANCA PATRU DANS LA TRADITION DES ICONES
Anca Patru est une artiste du Québec d’origine roumaine qui, depuis plusieurs années, consacre son talent considérable à faire connaître cette approche artistique peu répandu en Occident.
Peintre aguerri, elle apporte la maîtrise de la peinture à une vision presque mystique de l’art.
L’aura de mysticisme et de spiritualité émanant des petites icônes qu’elle crée peut facilement rivaliser avec le travail des maîtres de l’icône travaillant dans les pays de l’est et ailleurs dans le monde orthodoxe.
Le Balcon d’art a depuis longtemps pris la décision de promouvoir le travail de cette artiste hors du commun et est fier de présenter une importante collection des œuvres iconographique produites par Anca.
En cette période pascale, pourquoi ne pas venir admirer ce travail profondément personnel empreint de réflexion et de paix profonde.
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Dans un récent article, nous vous avons parlé de Narcisse Poirier, l’un des grands peintres figuratifs québécois du vingtième siècle dont l’œuvre a quelque peu souffert des aléas de la mémoire collective.
Dans ce nouvel article sur nos peintres « oubliés », nous aimerions vous parler d’un autre grand peintre figuratif dont l’œuvre s’étend de la dernière partie du dix-neuvième siècle à la Deuxième Guerre Mondiale, John A. Hammond, RCA. (1843-1939)
Né à Montréal dans une famille d’origine britannique, John Hammond, suivant les traces de son père, devient coupeur de marbre à l’âge de neuf ans. De nature aventurière, il se joint à la milice locale en prévision d’une attaque des Fenians, nationalistes irlandais qui attaquent les places fortes britanniques de façon à faire pression sur les Anglais qui occupent l’Irlande.
Dès les années 1860, ce même esprit d’aventure l’amène en Nouvelle-Zélande avec son frère comme chercheur d’or! Il y passera trois années avant de revenir à Montréal en 1870 où, auprès de William Nottman, il devient photographe. C’est à ce titre qu’il se joint à Commission Géologique du Canada qui s’affaire à tracer la voie que prendra le chemin de faire du Canadien Pacific vers l’Ouest canadien.
Grand admirateur de l’école de Barbizon et des peintres hollandais, Hammond devient membre de l’Académie Royale des Arts du Canada. Rapidement, il obtient une belle réputation en tant que paysagiste et peintre de scènes marines.
Il peint en France et en Hollande au cours des années 1880 où il côtoie Jean-François Millet. Il expose au Salon de Paris en 1886 où il remporte deux prix et expose aussi à l’Académie Royale de Londres et au prestigieux National Academy of Design à New-York.
Il devient ami de l’homme d’affaires et collectionneur William Van Horne qui avait acheté quelques-unes de ses œuvres. Van Horne est président du Canadien Pacifique et il mandate alors Hammond pour que celui-ci réalise des tableaux et des murales montrant certains des endroits desservis par le CP.
Il voyage aussi en Asie par bateau où il observe l’art japonais et chinois mais ceux-ci n’auront qu’une influence mineure sur l’œuvre du peintre.
En 1893, Hammond est nommé chef du département des beaux-arts de la Mount Allison University à Sackville, au Nouveau-Brunswick, et est administrateur du musée des beaux-arts Owens de l’université. Il s’installe d’ailleurs dans cette ville et y passera le reste de sa vie et sa carrière faisant de la région sa principale source d’inspiration
John Hammond est décédé en 1939 à l’âge de 96 ans. Il avait conçu le design du « Hammond Gate » de l’Université Mount Allison et celui-ci porte son nom. Sa maison à Sackville a été désignée lieu historique national du Canada en 1990.
Des exemples de son travail se retrouvent aujourd’hui dans de nombreuses collections partout au Canada et dans le monde…
Peu connu au Québec au cours des années suivant sa disparition, on ne retrouvait ses œuvres que chez quelques collectionneurs et musées.
C’est vers la fin des années 1980 que ses héritiers décident de lui faire retrouver la place qui lui revient dans l’Histoire de l’art au Canada.
À cette fin, ceux-ci contactent Denis Beauchamp qui est déjà bien connu comme agent d’artiste partout au Canada.
Beauchamp, un peu aventurier comme le fût Hammond, décide de relever le défi et prend en main la carrière posthume du vieux maître.
Rapidement, l’œuvre de Hammond revient prendre une place méritée dans plusieurs galeries prestigieuses un peu partout au Canada. Hammond retrouve alors une place de choix dans le marché de l’art et sa cote monte de façon proportionnelle. De nombreux collectionneurs découvrent une œuvre riche et accomplie et les nombreux tableaux de la succession du Maître sont prudemment mis en marché au cours de la décennie qui suivra.
Au début des années 2000, Hammond fait partie des valeurs sûres de l’art au Canada et les collectionneurs savent qu’ils font une bonne affaire en acquérant des œuvres du peintre dont la carrière a repris toute la vigueur qu’elle avait connu près d’un siècle avant!
À compter de la fin des années 2000, Hammond, comme bien d’autres peintres, verra son marché ralentir considérablement dans l’ombre de la récession majeure survenue en 2008-2009. Les galeristes du Canada – et d’ailleurs – ont plus de mal à convaincre un public frileux d’investir dans l’art et les prix des œuvres d’Hammond le rendent parfois moins accessible.
C’est la situation qui prévaut aujourd’hui et qui explique une certaine stagnation des ventes d’œuvres de Hammond en galerie au moment d’écrire ces lignes. Ceci étant dit, les ventes dites « secondaires » – de particulier à particulier – peuvent, quant à elles, s’avérer assez intéressantes.
Ajoutez à ceci les fluctuations imprévisibles du marché de l’art et l’achat d’une œuvre à bon prix aujourd’hui pourrait se traduire par un profit d’ici quelques années.
Évidemment, comme nous le savons tous, la meilleure des raisons d’acquérir une œuvre d’art reste en tout temps le plaisir que l’on tire de posséder un petit morceau de beauté et cela devrait suffire à quiconque choisit d’orner ses murs d’un tableau de l’un des Grands Maîtres de l’art canadien.
S.M.Pearson, le Balcon d’Art, Avril 2019
Josée Lord est née à Trois-Rivières (Québec) en 1964
Autodidacte, Josée Lord peint depuis son très jeune âge. Ces tons chauds donnent la forme précise de la nature morte qu’elle crée si bien. . Lord dit qu’elle a besoin du contact direct avec la matière, qu’elle aime toucher la peinture pour lui insuffler la vie.
Le succès de Lord est basé sur la passion qu’elle communique à son pinceau. Son esprit capte la texture et la forme, emmagasine les modèles sur la matière, et il est particulièrement touché par la nature inégale des formes. Elle connaît très bien les objets et les choses faits à la main, qui sont visuellement intéressants. Elle commence à travailler en faisant un croquis sur la toile, ensuite elle laisse libre cours à son imagination. La liberté permet à Lord d’extérioriser ses émotions. Ses natures mortes sont marquées par un style singulier, une déclinaison radiante de couleurs chaudes ou d’éclatement de rouges, de bleus opaques.
Son traitement des couleurs expressionnistes est rehaussé par les gestes de grande facture. De cette manière, ses sujets, ses fleurs répandent des frémissements de belles couleurs, comme si leur créatrice leur avait donné des personnalités distinctes, pour être mieux déchiffrés. Le travail de la talentueuse Josée Lord se trouve dans de nombreuses collections d’œuvres d’art privées et d’entreprises à travers le monde.
Né en 1976, l’artiste canadien français Mike Allard trouve son inspiration dans les paysages quotidiens, les paysages urbains et les personnes qui l’entourent. Mike a étudié à l’École d’art d’Ottawa, où il a ensuite travaillé dans la production de portraits en graphite et en charbon de bois pour des clients de la région. Son souci du détail et son amour du réalisme font maintenant de la peinture à l’huile son médium naturel. Son travail explore la dynamique et la relation entre les couches de peinture transparentes et opaques définissant l’humeur et l’atmosphère souvent de manière monochromatique.
Mike travaille dans la capitale nationale, capturant la beauté et l’intrigue du monde qui l’entoure, sauvant ainsi ces instants pour l’éternité.
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Narcisse Poirier
Le Québec est et a toujours été terreau fertile pour l’art et les artistes. Dès la Nouvelle France, les paysages grandioses que découvrent les premiers Européens arrivant chez nous inspirent d’innombrables artistes amateurs et professionnels qui cherchent à exprimer toute la beauté et la poésie des panoramas à couper le souffle que cachait chaque tournant de rivière, chaque vallée, chaque montagne.
Qu’on pense à Charlevoix qui demeure un havre de création même aujourd’hui ou à la Côte de Beaver Hall, certains endroits deviendront tout aussi symboliques que peut l’être Barbizon ou la forêt de Fontainebleau en France.
Tout comme ces endroits mythiques, il y a la Montée Saint-Michel. Ce chemin devenu la rue Papineau et qui, de l’avenue Mont-Royal, conduisait vers cet autre chemin appelé maintenant boulevard Crémazie, était recherchée pour ses boisés et ses décors champêtres. La Montée Saint-Michel a attiré de nombreux artistes peintres montréalais.
Selon Alfred Laliberté (peut-être notre plus grand sculpteur) c’est le goût de la peinture et l’amitié qui ont réuni les peintres de la Montée. Ces peintres qui n’avaient pas nécessairement des préoccupations esthétiques communes avaient tous fréquenté le Monument National. Ils firent de l’Arche (22, rue Notre-Dame), l’atelier situé dans un grenier autrefois habité par Émile Vézina et qui avait déjà abrité le groupe des Casoars, leur lieu privilégié de rencontres.
L’un de ceux-ci, qui marquera son époque, est Narcisse Poirier. Celui-ci, peu enclin à adopter les théories de l’art moderne, choisit, dès le début de sa carrière, une approche plus poétique, lyrique et, disons-le, classique à son œuvre.
Sa conception de la peinture s’exprime en ces termes : « J’ai toujours travaillé d’après nature tout en faisant de la poésie avec la nature…Je n’ai pas voulu m’en tenir à la photographie, ni faire de l’impressionnisme. J’ai toujours eu le désir de perpétuer le Québec de jadis dans mes toiles. »
Né en 1883 à Saint-Félix-de-Valois, il démontre une habileté et un talent dès son plus jeune âge.
À seize ans, il s’inscrit au Monument National à Montréal où il suit les cours d’Edmond Dyonnet, Joseph Saint-Charles, Alfred Laliberté, Henri Hébert et Elzéar Soucy. En 1920, il va perfectionner son art à l’Académie Julian de Paris en compagnie de son ami le peintre Rodolphe Duguay. Rapidement il se rend en Italie, puis en Angleterre.
Sa carrière en propre débute à son retour au bercail alors que le gouvernement du Québec achète, en 1922, l’une de ses toiles.
Par la suite, à compter de 1932, il exposera pendant vingt-cinq ans au Musée des Beaux-Arts de Montréal, fera de l’art religieux dans les églises – on trouve certaines de ses toiles dans les églises de Saint-Félix-de-Valois, de Saint-Eustache, de Notre-Dame-du-Très-Saint-Sacrement (Montréal) et de Rivière-du-Loup – et fera partie de ceux qui définiront l’art figuratif et ce pendant une bonne partie du vingtième siècle. En fait, Poirier fait partie intégrante de notre patrimoine et en particulier pour la peinture qui s’est faite ici depuis la première moitié du 19e siècle.
UN MONDE EN ÉBULLITION
C’est dans les années 1940 que la culture commence vraiment à faire parler d’elle et rejoint la population. L’enseignement des arts visuels au Québec est très récent. On crée une école d’art à l’Art Association of Montreal, puis on crée l’École du Meuble en 1935. On commence à la fin des années 1930 à donner des cours d’art dans certains collèges comme Brébeuf et Notre-Dame de Montréal.
On fonde, en 1942, l’Institut des arts graphiques de Montréal. L’enseignement donné dans ces institutions est cependant déjà contesté dès les débuts de la Guerre. On le dit trop académique, dépassé et écrasé par les traditions.
Face à cet état de chose, on assiste à l’émergence d’un mouvement moderniste qui sera représenté par Alfred Pellan et, surtout, Paul-Émile Borduas et les Automatistes.
Farouchement en guerre contre le conservatisme alors prévalent partout au Québec et, dans le cas qui nous occupe, le monde de l’art, Pellan et Borduas – diamétralement opposés dans leur approche mais frères de combat – amorceront un mouvement qui viendra bouleverser le monde de l’art et qui, jusqu’à la fin des années 1980, marquera profondément l’attitude des critiques et amateurs d’art du Québec.
Dans cet atmosphère de renouveau et de rébellion, un peintre conservateur comme Narcisse Poirier aura du mal à conserver sa pertinence et sera, pour plusieurs, relégué à un rang relativement secondaire du monde et du marché de l’art.
Ceci étant dit, il demeure évidemment un noyau dur d’amateurs d’art pour qui les modes n’ont que peu d’attrait. C’est ce noyau dur qui permettra à Narcisse Poirier de profiter, tout au long de la deuxième moitié du vingtième-siècle, d’une carrière et d’une notoriété tout à fait enviable et respectable.
Poirier peint jusqu’à la fin de sa vie en 1984. Pendant plusieurs années, après sa disparition, la demande pour le travail du peintre reste constante et la valeur de ses œuvres augmente de façon régulière.
À compter du vingt-et-unième siècle, cette tendance commence à ralentir avec le vieillissement de la population et l’érosion du bassin des admirateurs du vieux maître. Les prix obtenus par les différentes maisons de ventes aux enchères deviennent un peu décevants et il était souvent plus difficile de vendre les œuvres offertes.
Dans ce contexte, l’achat de tableaux de Narcisse Poirier peut devenir particulièrement intéressant pour quiconque admire le travail de celui-ci. En effet, plusieurs aubaines sont possibles et, si l’on se fie au passé, il est difficile de prédire où ce même marché se retrouvera dans quelques années.
Si un regain d’intérêt pour la peinture classique devait apparaître, la valeur d’un peintre du calibre de Poirier risquerait de grimper rapidement et un tableau obtenu à moindres frais pourrait prendre de la valeur de façon considérable.
Ceci étant dit, et comme nous le disons toujours, la première raison qui devrait pousser à acquérir un tableau devrait venir du cœur. Poirier a su exprimer toute la poésie du Québec avec justesse et sensibilité et ce devrait être raison suffisante pour l’aimer et accrocher l’une ou plusieurs de ses toiles sur nos murs.
S.M.Pearson, Le Balcon d’art, Mars 2019
OEUVRES DISPONIBLES
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