En cette période de l’année, les Québécois aiment à se sucrer le bec à la cabane à sucre.
Évidemment, cette tradition évolue depuis quelques années et, pour plusieurs, les oreilles de crisse, l’omelette soufflée et le jambon ont donné leur place à une cuisine plus raffinée. De là à dire que le menu traditionnel soit devenu inacceptable et sans intérêt représenterait un pas que peu de gens seraient prêts à franchir. Pourtant, en art, ce genre de généralisation a déjà eu cours.
Il fût un temps où le Québec était divisé en deux camps quant venait le temps de parler de peinture…
D’un côté se trouvaient les puristes qui ne jurait que par l’art contemporain et les Grands Maîtres et de l’autre, une large proportion de la population qui elle aimait bien les sujets pittoresques que représentaient les artistes figuratifs dit « commerciaux » – sacrilège!
Les préjugés foisonnaient et, force nous est d’avouer que certains d’entre eux étaient peut-être justifiés. Pour certains artistes des années 60-70-80, il était souvent plus facile de tomber dans les formules et la facilité. Des sujets racoleurs, exécutés rapidement selon des formules éculées et vendus par des marchands d’art sans réel connaissances de l’art qui pensaient surtout à rentabiliser leur loyer.
C’est autour de cette époque que l’expression « peinture de cabane à sucre » commença à être utilisée dans certains médias et dans certaines galeries d’art; dans les cercles où frayaient les amateurs d’art « sérieux »…
Malheureusement, l’expression dérogatoire se répandit rapidement et les critiques – professionnels ou amateurs – se mirent à l’utiliser pour décrire ce qu’ils considéraient comme de l’art de deuxième ordre.
On catégorisa « cabane à sucre » l’œuvre de peintres talentueux qui, pour le meilleur et pour le pire, n’avaient pas l’aval des bonzes de l’art « sérieux ».
C’est ainsi que l’œuvre de peintres tels Jean-Paul Lemieux, Paul Tex Lecor, Bruno Côté et même des Maîtres tels Fortin, Krieghoff et autres fut jetée dans le même sac que la peinture vendue dans les centres commerciaux et chez les marchands de meubles!
Heureusement, avec le milieu des années 1990 arriva une certaine ouverture d’esprit et une plus grande appréciation de l’œuvre de certains peintres qui sont aujourd’hui considérés comme des maîtres de leur art et l’esprit de dérision qui régnait il y a une quarantaine d’année s’est estompée avec la disparition de certains des critiques et autres « investis » qui prenaient pour acquis avoir la science infuse!
Aujourd’hui, il est totalement acceptable en bonne compagnie d’apprécier la peinture de tout genre et la diversité culturelle dont joui le Québec a aussi permis de découvrir des avenues artistiques différentes et à voir l’art pour ce qu’il est : varié, ouvert et, surtout, à juger selon ses mérites et non des critères arbitraires et souvent sans fondements.
Alors, allez-y, aimez Lecor, Langevin, Tremblay, Côté et les autres. Le travail est sérieux.