Dans cette nouvelle série, nous désirons vous raconter certains traits et anecdotes concernant quelques uns des dizaines d’artistes que nous avons côtoyés au cours des quatre dernière décennies.
Notre premier sujet : André Bertounesque. Pour ses fans et ceux qui l’ont connu par ses tableaux, il demeure l’un des grands maîtres de la lumière parmi nos peintres québécois.
Né en France en 1937, il arrive au Québec en 1951 et gagne sa vie comme coiffeur tout en faisant de la peinture – passe-temps qui deviendra bientôt son occupation principale. Pour le reste, ses inconditionnels connaissent l’histoire. Il aimait profondément les femmes et les a peintes dans d’innombrables tableaux au cours des année 70 et 80 puis s’est dirigé à créer une sorte de chronique de sa France méridionale où les paysages de la Provence explosent sur des toiles colorées et lumineuses.
Tout ça fait partie de l’histoire officielle et de ce que l’on retrouve un peu partout, tant imprimé qu’en ligne.
Ce que l’on connaît moins c’est l’autre passion de Bertou : Il était un collectionneur invétéré.
Au fil des ans il a amassé une impressionnante collection d’insectes, de coquillages et d’autres objets qu’il conservait, cataloguait et, souvent il développait presque une hantise quant à leur acquisition.
Les histoires que racontent ses proches sont souvent étonnantes. Combines de toutes sortes pour obtenir des objets convoités – parfois à la limite de la légalité, tentatives de coercition auprès de ses amis de façon à les convaincre de l’assister dans ses aventures; sa passion de la collection faisait parfois pâlir sa passion de la peinture et de la gent féminine.
J’ai moi-même connu André quelques années avant qu’il ne nous quitte en 2005. Je suis fier d’affirmer que nous avions développé une certaine amitié qui m’a permis d’apprendre à le connaître et qui lui avait donné la confiance suffisante pour m’entretenir de certaines de ses aventures de collectionneur.
Lors de ses dernières années, il chassait le film. En effet, il s’était mis en tête d’amasser une belle collection de films sur VHS. Comme il me le racontait, il aimait partir en voiture, un peu au hasard, et se diriger vers des petites villes ou de petits villages.
Une fois arrivé, il dénichait les petits clubs vidéos, les dépanneurs et les petites épiceries et allait fouiller dans leur collection de films sur cassette. Quand il trouvait quelque chose d’intéressant – surtout des films français – il offrait de les acheter puis passait au village suivant.
Comprenons nous bien : sa mission n’était pas de trouver des films à regarder mais à collectionner. Il me disait lui-même qu’il ne les regardais que rarement.
À son départ, il y a maintenant une douzaine d’années, il a laissé une quantité impressionnante de collections que ses héritier sont probablement encore à cataloguer!